Fabio Rieti, le voyageur aux trois patries, l'Italie, les Etats-Unis et la France est un homme des villes. Il leur a consacré sa vie et son oeuvre.
Les trompe l'oeil architecturaux de Rieti et son art de la décoration sont des sujets éternels d'émerveillement. Un homme passionné d'architecture, d'études musicales, de lettres, de sciences. Refusant l'appellation d'artiste, préférant celle de "fabricant d'images".
Les fenêtres de Beaubourg, 1976
Les fenêtres en trompe l'oeil constituent l'une des originalités de Fabio Rieti. Réalisées en 1976 sur des panneaux de bois, nous les avons restaurées en famille en 2015 (Fabio, Leonor et louyz) en y apportant chacun une petite touche personnelle !
Le piéton des Halles, 1979
Il existait aux Halles un mur gigantesque, aujourd'hui caché. Ce cube faisait scandale : on ne savait pas qu'il était destiné à être entouré d'immeubles et qu'il allait de ce fait disparaître à la vue. Le directeur de la Société d'aménagement des Halles confit à Fabio la mission de rendre le cube moins mortuaire, mais à très peu de frais, compte tenu du temps limité pendant lequel il resterait apparent. "Après plusieures projets tous assez coûteux, j'avais fini par dessiner un grand lézard qui rampait sur le mur. En rentrant un soir dans l'atelier mal éclairé, mon amie Titina Maselli s'écria : très beau ! un homme qui marche sur le mur ! c'est ce qu'elle avait cru voir dans la pénombre et c'est ce qui fut". Le Piéton des Halles, eut beaucoup de succès à l'époque.
L'art urbain à commencé pour Fabio Rieti dans les années 60, au côté de son beau père, l'architecte Emile Aillaud, dont il a été son plus proche collaborateur.
Fabio a réalisé beaucoup de colorations et des oeuvres en mosaïque à la Grande Borne, Chanteloup Les Vignes et Nanterre, entre autres. Les sculptures monumentales sont de sa femme Laurence Aillaud.
La Grande Borne, Grigny
En 1967, ont commencé les travaux de construction de la Grande Borne.
En confiant la réalisation à l'architecte Emile Aillaud, l'Etat voulait redorer le blason du logement social.
Si en s'échappant de l'autoroute, on aperçoit des rubans bleus, mauves et verts, c'est que l'on est arrivé à la Grande Borne. Ces motifs remplissent souvent le double office de jeux pour les enfants et d'éléments paysagers fantaisistes. Les pâtes de verre des bâtiments sinueux offrent une gamme très étendue de nuances pour chaque couleur (quarante teintres sont utilisées) Le Labyrinthe est traité comme une suite de couleurs dégradées qui se fondent l'une dans l'autre. Parfois la couleur va encore plus loin et se condense en image...
Les tours de Nanterre 1971 (cité Pablo Piscasso)
Ces tours se distinguent par leur orignalité. Emile Aillaud utilise en effet
les contraintes (techniques et financières) du programme comme support
de création pour les dominer. Il joue sur les formes et réalise des tours
ondulées, toujours identiques, mais orientées différemment et réparties
librement, sans repère urbain. La préfabrication se prête également
à l’utilisation de la pâte de verre colorée comme revêtement mural ;
ce matériau solide, durable, permet de créer des mosaïques qui provoquent l’attention et questionnent l’imagination. Les décors de ce revêtement, différents pour chaque bâtiment son l’oeuvre de Fabio Rieti : de loin, les tours peuvent s’apparenter à des tiges végétales, à des tours nuages. Il s’agit de leur faire perdre toute monumentalité. Ces tours qui ne
correspondent à aucun «canon» de l’architecture, sont insolites, par leur
forme, leur couleurs, leur implantation et leur ouvertures.
Chanteloup-Les-Vignes (78) 1972
Derrière les poètes la ville continue.
Place de la Coquille, composée de six pignons sans fenêtres on trouve six poètes réalisés en mosaïques tramées en 1972.
Fabio Rieti à réalisé en carreaux de grès cérame 5/5 : Arthur Rimbaud, Baudelaire, Victor Hugo, Gérard de Nerval, Mallarmé et Paul Valéry.
Précurseur et pionnier en la matière, il habille sur mesure les murs, respectant leurs situations, leurs formes et l'environnement où ils sont implantés,
de chaque mur il en ressort une poésie qui n'appartient qu'à lui et que l'on retrouve dans ses tableaux.
Les murs peints
La beauté urbaine n'est pas une réussite esthétique mais une volonté d'exister comme événement à côté d'autres événements qui tous en choeur chantent cette invention unique dans l'histoire du monde qu'est la ville. Ils ne sont pas faits pour enjoliver ni pour égayer, mais pour proclamer une envie de discourir, pour bavarder.
Il pourrait y avoir une raison à l'avènement du mur peint au cours de ce siècle. L'invention de la photographie a couvert le monde d'images. Dans le passé Il y avait peu d'affiches, quelques enseignes. Les livres étaient parcimonieusement illustrés.
Le milieu urbain aurait-il aujourd'hui ressenti le manque d'une image qui soit le fruit de l'imaginaire plutôt que le compte rendu de l'objectif ?
La ville aurait-elle besoin d'être émaillée d'images "pensées" et non seulement d'images "vues" ?
Fabio Rieti 1990
Les tableaux
Mur peint et tableaux : ce n'est pas la même chose. Un mur peint dans la rue n'est pas une toile dans une maison. Le mur est associé à un lieu déterminé, alors que le tableau est libre de tout lien avec la topographie.